Patrimoines gitans est une plate-forme qui s’ouvre sur une culture méconnue et souvent méprisée, la culture gitane. Les Gitans ont voyagé durant des siècles à travers le monde et malgré les persécutions systématiques dont ils ont fait l’objet, ils ont toujours partagé les histoires, les langues et les musiques des nations où ils ont vécu. À l’intérieur de ce partage étonnant, ils ont créé leur propre identité. Une identité où les nations et leur histoire, les langues et les musiques se mélangent. Ce mélange cependant n’est pas synonyme de désordre, il constitue une culture à part entière tout à fait unique. Elle est à l’origine du jazz manouche en France, du flamenco, de la rumba et d’autres musiques caractéristiques.

À la lumière de travaux de spécialistes gitans ou payos et de sources audio-visuelles, Patrimoines Gitans vous propose de découvrir l’histoire, les langues et les musiques des Gitans de Catalogne.
Avec la collaboration de

HISTOIRE DU PEUPLE GITAN

Ce projet souhaite montrer comment a évolué le peuple gitan, sa culture et ses langues au fil des siècles. C'est en quelque sorte notre défi pour maintenir la mémoire historique.

LE PEUPLE GITAN AU PRÉSENT

Nous diffusons la nouvelle musique gitane, la connaissance des langues parlées aujourd'hui ainsi que les publications sur ces sujets. À travers la digitalisation nous rapprochons l'actualité gitane du monde entier.
MUSIQUE
La musique est un des piliers de la culture gitane. Dans ce projet, nous offrons une vaste information sur ses différents styles.

Les origines de la rumba

A partir des années vingt, aux Etats Unis on désigna sous l’étiquette de « rhumba » (avec un h dont on comprend mal l’origine) toute musique rythmée en provenance de Cuba… comme un demi siècle plus tard, on appellera « salsa » tout ce qui sonne « latino ». Cette « rhumba » était surtout du son ou de la conga (marche de carnaval) mais surtout pas la rumba dans le sens que lui donne les cubains. Les cabarets et lieux de danse s’étaient emparés de ces répertoires populaires de congas et comparsas donnant du travail à des formules orchestrales allant du trio au grand orchestre. Les disques présentent ces répertoires avec des paroles parfois exotiques (français, anglais, russe, créole …). Dans cette période, les tournées des orchestres cubains à l’étranger se sont multipliés avec des versions de congas enflammées qui envahissaient quelques capitales du monde.
A Paris Josephine Baker, Maurice Chevalier, Luis Mariano s’entourent de musiciens cubains pour enrichir leur répertoire.

Tino Rossi invente Marinella … une rumba d’amour !

« Marinella ! Ah..., reste encore dans mes bras, avec toi je veux jusqu'au jour
Danser cette rumba d'amour , son rythme doux nous emporte bien loin de tout, vers un pays mystérieux, le beau pays des rêves bleus… »
En Angleterre Gertrude Niesen fait sa popularité avec un très bel orchestre latino.

Au Mexique Pedro Vargas est une grande vedette qui doit sa popularité à quelques titres originaux tout comme Miguelito Valdès et Xavier Cugat qui brillent aux Etats Unis.

En 1929, la Conga Discothèque s’ouvre à New York et le chanteur originaire de Santiago de Cuba Desi Arnaz va populariser la Conga en se proclamant
« l’inventeur du genre » ! Sa précieuse collaboration à Miami avec Xavier Cugat et son grand orchestre, une « école » qui lui permettra de créer son propre orchestre avec lequel il va populariser aux Etats Unis une « conga en ligne » qui permet d’impliquer un grand nombre de danseurs. Peu à peu la conga est aussi devenue une danse beaucoup plus libre laissant une grande part à la spontanéité et l’improvisation.

En 1988, Miami a inventé la Miami Super Conga… la ligne était formée par 119 936 personnes !

En Espagne au XVIIIème et XIXème siècles on désignait « mujeres de rumbo » des femmes ayant une vie légère et très « festive » ! Plus tard, cette expression a voyagé à Cuba pour qualifier ce que l’on considérait un peu vulgaire, peu raffiné ou frivole. Dans les années 1800, le terme « rumba » va désigner les musiques inventées et développées par les esclaves et descendants d’esclaves africains de La Havane et Matanzas, une population vivant souvent en véritables ghettos, et s’exprimant essentiellement dans les cours d’immeubles « los solares ».
La rumba afro cubaine réunit le chant, la danse et la percussion. Un choeur à l’unisson et un interprète soliste se répondent. A l’origine, les tambours - los cajones - étaient des caisses de morue en bois de taille diverse réparties en trois registres : la basse « tumbador » qui donne un rythme de base fixe, le médium « tres dos » qui fait des variations sur ce rythme de base et l’aigu « quinto » qui développe des improvisations.
La rumba afro cubaine est répartie en trois genres : le « yambu », la « columbia » et le « guanguancó ».

Le " guanguancó " qui est la forme la plus récente et la plus répandue aujourd’hui est avant tout une danse.

La rumba afro cubaine des origines a sûrement inspiré les premiers créateurs gitans de la rumba catalane. Parallèlement, l’engouement pour les musiques latines, en particulier le « son » et la " guaracha " cubaine va déterminer les bases d’un genre musical nouveau : la rumba gitane catalane.

Comme le « fado » à Lisbonne, le « rebetiko » à Athènes, le « blues » à Chicago, le « tango » de Buenos Aires, le « raï » oranais ou le « bal-musette » parisien, la rumba créée par les Gitans de Barcelone est une « musique urbaine du monde » qui s’est nourrie de toutes les influences musicales latines en mouvement dans la capitale catalane.
Il faut souligner aussi que certains artistes gitans comme Peret ou Moncho allaient allaient en Amérique Latine pour effectuer le commerce de vêtements à la mode et ramenaient des musiques qui les ont inspirés pour créer un immense répertoire.

Les mélodies et les paroles des « guajiras » et « guarachas » ont constitué une source d’inspiration très riche pour les premiers rumberos gitans catalans.

La chanson Adios Compay Gato de Benito Antonio Fernández Ortiz, chanteur bien connu de la Casa de la Trova de Santiago de Cuba sous le nom de Ñico Saquito est devenue un grand succès de Peret intitulée « Lo mato ».
Un peu plus tard la version « d’el negro bembon » chanson anti-raciste composée par le portoricain Bobby Capó (1922-1989) va devenir une référence dans le répertoire gitan catalan avec la transformation des paroles qui évoquent la condition gitane d’El Gitano Anton. *

Issu d’une famille de pêcheurs, « El Pescadilla » Antonio Gonzalez* capte des airs caraïbes emblématiques comme la negra Tomasa ou la Sarandonga de Compay Segundo qu’il adapte avec une technique de « ventilador » très personnelle. Du quartier de Gracia où réside sa famille, il ira vers El Portal et la célèbre rue « Carrèr de la Cera » lieu de rassemblement des musiciens gitans catalans. En 1957, il épouse la chanteuse, danseuse et actrice Lola Flores* « la Pharaonne » originaire de Jerez de la Frontera.

Cet apport musical portoricain va influencer des nouveaux genres comme le « boogaloo » développé à New York dans les années 1960 et un peu plus tard dans les années 1970 conforter et développer la salsa.


En Andalousie avec les échanges commerciaux intenses entre les ports de La Havane et de Cadiz, un mouvement identique de « rumba flamenca » inspiré des musiques de Cuba et en particulier le style de la guaracha va se développer dans un esprit très différent.


Tous les répertoires issus de cette dynamique d’aller retour entre les Caraïbes et la péninsule ibérique font partie des « cantos de ida y vuelta »

La Rumba de Barcelone
¡Filla de Cuba i d’un Gitanet - fille de Cuba et d’un gitan !… cette chanson résume bien la problématique !

C‘est dans les années 1950/1960 que Antonio Gonzalez « El Pescadilla » et Pedro Pubill Calaf « Peret » vont émerger avec un répertoire original de rumba inspiré de musiques venues de Cuba et Porto Rico.

Dans cette période des groupes portoricains comme Cortijo y su Combo avec le chanteur Ismaël Rivera « el sonero mayor » et autres orchestres cubains en tournée comme Armando Orefiche intégraient la programmation de grands cafés comme le Café Rigat de la Place Catalunya.
C’est dans les quartiers gitans de la capitale catalane que les groupes gitans Los Amayas*, Chipen’s*, avec des personnalités comme Chacho*, Ramonet*, Chango* et Sisqueto* ont été les animateurs d’une dynamique « rumbera » très active.

Des lieux emblématiques deviennent les points de ralliement de la rumba.

La Calle de la Cera dans le Raval de Barcelone, les quartiers de Gracia et Hostafrancs, et tout près de la Plaça España et le café « las Canyes » animé par le chanteur Maginet deviennent les scènes incontournables de la rumba.

Peret est désormais un chanteur très populaire. Il passe à la radio, à la télévision et la majorité de ses titres sont des succès.


En 1974 il représente l’Espagne à l’Eurovision avec la chanson « Canta y sé feliz ».

Son influence va être très grande pour l’implantation définitive de la rumba comme un genre musical auquel s’identifient les gitans de Catalogne non seulement en Espagne mais aussi en France. Si les musiciens manouches s’identifient à Django Reinhardt, on peut dire que les musiciens gitans catalans sont très inspirés par l’oeuvre de Peret.


Depuis les années 2000 l’Association Forcat de Barcelone publie des informations et des dossiers importants avec un guide des publications ur la rumba catalane. La revue « Santa Rumba » présente en édition limitée les portraits des principaux rumberos d’hier et d’aujourd’hui consultables aussi par QR codes ou internet sur www.forcat.org


Cette Association Moment de la Rumba Catalane , Travessia de Sant Antoni 6-8 à Gracia organise sans arrêt des concerts et des stages.

Aujourd’hui la rumba des gitans est devenu une référence et de nombreux courants musicaux intègrent ce style et s’en inspirent.


A Barcelone et en Catalogne bien sûr, et un très grand nombre de musiciens se sont appropriés la rumba que l’on retrouve dans des versions les plus inattendues.

La venue de Manu Chao* dans les années 1980 a valorisé le style rumba et de nombreux jeunes groupes catalans sont devenus à leur façon des rumberos.

La rumba gitane est devenue aujourd’hui la rumba catalane.

L’identité de chaque « rumbero » on sait que les musiciens gitans de Barcelone l’ont développé et se sont identifiés à ce jeu rythmique très dynamique…. « ce truc si ingénieux » comme disait le chanteur argentin de Barcelone Gato Perez.

El ventilador

La main droite « ventile », balaie les cordes et produit un rythme se rapprochant de l’effet du « guïro » cubain en combinant des frappes et claquements, privilégiant des effets de percussion digitale sur la table harmonique de l’instrument. On retrouve ici l’inspiration des musiques et percussions caraïbes adaptées au répertoire de la rumba avec une grande variété de « toques », façons de jouer.

Pour Peret chaque chanson invite à la création d’un « ventilador » spécifique et l’on peut observer beaucoup de détails et de subtilités qui ont été inventées par les premiers créateurs de la rumba gitane. Peret qui nous a légué une très belle interview sur ce sujet * se défendait lui même d’être l’inventeur du « ventilador » en soulignant que l’on retrouve cette technique dans beaucoup de pays latino américains (joueurs de très cubain , cuatro colombien et venezuelien, charango bolivien…). Peret Reyes* explique comment son grand père Emilio Juan Cau « El toqui »* guitariste gitan de la calle de la Cera, avec le père d’El Pescadilla avaient déjà un jeu très rythmique. Ce style très particulier assez éloigné des codes du flamenco a sûrement inspiré les premiers créateurs de rumba dès la fin des années 1960.
Ainsi, Peret, Antonio Gonzalez « El Pescailla », Los Amayas, Chipen’s, Chacho, Chango et Sisqueto vont devenir les maîtres du « ventilador » en inventant les subtilités d’un accompagnement spécialement adapté au « canto por rumba ».
Très rapidement la rumba avec ses « ventiladors » originaux va se diffuser dans la communauté des gitans catalans. Les mariages lien essentiel qui permettent aux familles de se retrouver régulièrement auront un rôle très important dans l’appropriation de ces nouveaux répertoires.

C’est aujourd’hui la marque indispensable du jeu de rumba.
Rumba camarguaise
A Montpellier, la dynastie des Baliardo va s’identifier avec un répertoire et un jeu très personnel.

Ricardo Baliardo « Manitas de Plata » né à Sète, issu d’une famille gitane originaire d’Espagne , admiré comme le virtuose aux « petites mains d’argent » va très vite s’immerger dans la rumba en créant des titres qui sont devenus de standards et une véritable école de guitare.

Souvent accompagné par des proches il a largement contribué à la mise en place d’un jeu de guitare qui a inspiré des générations de jeunes joueurs.

On connaît bien aujourd’hui ce jeu brillant et caractéristique, cette dynamique envoûtante de la « rumba camarguaise ».

En 1957 Manitas enregistre chez Vogue pour un premier disque intitulé « Gitans aux Saintes Maries de la Mer » dans lequel le nom des musiciens n’est pas mentionné ! Il n’y a pas encore de rumba dans ce disque mais dès les années suivantes il invente la « Rhumba de Manitas » qui deviendra un succès encore très joué aujourd’hui.

Le disque Juerga publié en 1963 donne le modèle.
Manitas guitariste inspiré et le talentueux chanteur Jose Reyes qui sera plus tard avec ses enfants l’inspirateur et le créateur des Gypsy Kings vont développer un très beau répertoire et se produire sur les plus grandes scènes du monde.
Dans cette même période Hipollyte Baliardo frère cadet de Manitas crée avec ses enfants le groupe Los Baliardo qui occupera une place importante dans la vie locale.
Son fils Bruno Baliardo « El Niño de Suerte » a été très tôt repéré pour sa voix exceptionnelle et son brillant jeu de guitare.
Pour Bruno Baliardo « El Niño de suerte » les rendez vous annuels de la fin du mois de mai pour la Fête des Gitans aux Saintes Maries de la Mer ont joué un rôle important dans la circulation et transmission des thèmes de rumba entre Barcelone et la côte méditerranéenne.

Parmi tous les descendants de Manitas Kema Baliardo le petit fils se détache par son jeu, sa virtuosité et son inspiration.

La Rumba du futur
L’image de la rumba a souvent été controversée. A la fin des années soixante, après 40 ans de dictature franquiste, la rumba faisait figure « d’espagnolades ringardes aux complaisances franquistes » aussi, après 1975, la force de la Movida madrilène a relégué la rumba dans une période critique.
Seuls, les gitans ont vraiment poursuivi dans la pratique de ce qui était désormais devenu leur marque, leur patrimoine, alors que le public catalan se tournait volontiers vers les musiques anglo saxonnes ou la nova canço de protesta de Raimon, Lluis Llach….

C’est un argentin, Gato Perez* qui dans cette période « sombre » va redonner un nouveau souffle à la rumba.avec son titre « Gitanitos y Morenos ».
À l'orée des années 2000, l’arrivée de Manu Chao dans la ville et la sortie du Buena Vista Social Club de Wim Wenders, vont donner un nouvel élan à la rumba de Barcelone. Les jeunes catalans créent de nouveaux groupes : Ojos de Brujo, Gertrudis, La Troba Kung Fu, Ai Ai ai... Miliu Calabuch, Petitet, Peret Reyes débordent d’activité et les groupes gitans Sabor de Gracia, Sicus Carbonell, relancent la fête rumbera.

Aujourd’hui Daniel Pubill petit fils de Peret connaît un début de carrière prometteur.
Peret Reyes nous parle passionnément de la période « âge d’or » de la rumba à Barcelone, de cette euphorie créatrice qui animait les musiciens et la force de ce mouvement qui allait imposer peu à peu un genre nouveau.

Dans nos entretiens réalisés à Barcelone avec Jean Paul Escudero nous avons ressenti cette ferveur et nous avons observé le cheminement des airs et des musiques dans les familles gitanes de la côte méditerranéenne et aux Baléares. Ici la rumba est très présente et certains musiciens comme Kiki Maya ont un rayonnement très large dans toute l’Europe.
Le succès planétaire des Gypsy Kings a positionné la rumba avec un nombre impressionnant de succès qui sont très largement connus et appréciés. C’est avec fierté que les Gitans ont découvert en 1988, le 33t Fania All Stars « Bamboleo » produit par Jerry Masucci, dans lequel les stars de la Fania reprennent et arrangent quelques titres fameux des Gypsy Kings.

Celia Cruz chante Bamboleo, Hector Lavoe reprend Siento sur un arrangement de Isidro Infante, Marty Sheller arrange Quiero saber pour la voix de Willie Colon, et Jose Febles reprend Djobi, Djoba pour Pete « El Conde » Rodriguez. Certains musiciens de ce disque comme le pianiste Pappo Lucca, le bassiste Bobby Valentin, les percussionnistes Ray Barreto, Jimmy Delgado, deviennent des références pour les jeunes générations qui s’intéressent de plus en plus à la salsa, aux musiques cubaines et latines en général.
En 2003 le chanteur gitan Diego El Cigala réalise un remarquable enregistrement avec le légendaire pianiste cubain Bebo Valdès. Lagrimas Negras présente un répertoire classiques cubains , d’Espagne et d’Amérique latine.

En 2017, il présente son nouvel album « Indestructible ». Sa voix si marquée de flamenco andalou s’enveloppe de musiques latines. El Cigala synthétise cette passion gitane pour les musiques latines en marquant différents axes et points de repère de son univers musical. Depuis la République Dominicaine où il vit désormais, et jusqu’à Barcelone, ce haut lieu espagnol de la salsa, il est passé par la Colombie, Porto Rico, Miami, New York, et Cuba bien sûr, y rencontrant chaque fois les musiciens (Gonzalo Rubalcaba, Larry Harlow, Oscar D’León, Los Muñequitos de Matanzas…) capables d’interpréter avec lui cette musique comme si elle avait été faite pour lui.
Aujourd’hui, la rumba s’est propagée bien au delà des côtes méditerranéennes, avec des répertoires, des styles, des personnalités qui s’affirment.

La rumba est aussi devenue la source d’inspiration de plusieurs courants musicaux métissés mais comme le souligne Peret Reyes c’est un honneur de voir que de plus en plus de « payos » s’intéressent à cette histoire en adaptant avec leur sensibilité musicale…. l’histoire des musiques est faite de tous ces allers retours !
A Barcelone, Petitet crée un spectacle de grand format qui est accompagné par l'Orchestre symphonique Rumba, formé par dix-huit membres, entre guitare, piano, contrebasse, percussions, sections de ficelle et de métal, battements de mains et choeurs.

A Perpignan, le compositeur et chef d’orchestre Daniel Tosi collabore avec Tekameli pour créer un hymne à la rumba « Gitano Symphonie ».

Avec les chanteurs Jose Maria « Peruché » Cortes et Enrique Gabarri le jeune groupe perpignanais Los Graciosos apparaît aujourd’hui comme le nouveau son de la Rumba en multipliant les collaborations les plus inattendues.

LANGUES
Le multilinguisme est un trait constitutif des cultures gitanes. À travers d'interviews et différents travaux de recherche, nous observons l'évolution des langues et des parlers.

Des leurs origines les Gitans ont constitué un archipel de cultures minoritaires déplacées par des migrations continues. Ceci a été accompagné par la naissance d'isolats linguistiques dans beaucoup de pays d'Europe et du monde.

Dans cette géographie très complexe, sans trop nous éloigner, il faut admettre que l'apparition de groupes tsiganes dans les territoires de la Couronne d'Aragon au XVème siècle a supposé un apprentissage progressif des langues parlées dans ce royaume.

Le calo actuel est un ensemble d'éléments lexicaux résiduels et variables, essentiellement issus de la langue romani arrivée à cette époque.

Depuis les origines les plus lointaines de leur histoire, les Gitans ont constitué un archipel de cultures minoritaires déplacées et transformées par des mouvements migratoires continus. Nous pouvons dire que le bilinguisme ou le multilinguisme sont intrinsèques à la culture gitane. Le calo, langue ancienne des gitans catalans a intégré progressivement les influences spécifiques de la grammaire et de la syntaxe catalanes avec un lexique particulier. Aujourd’hui, le catalan est la langue principale des Gitans en Catalogne mais aussi dans la plupart des régions françaises. En effet, la forte présence des Gitans catalans à Perpignan et leur mobilité dans les diverses régions de France a généralisé le catalan comme langue première au détriment du caló qui est aujourd’hui de moins en moins pratiqué.

C’est dès le début du XIXème siècle à partir du Roussillon que les Gitans vont peu à peu se déployer dans les villes occitanes du sud : Narbonne, Toulouse, Montauban, Agen, Bordeaux mais aussi Béziers, Agde, Montpellier, Nîmes et Marseille jusqu’à Nice.

Ici, les Gitans catalans vont inventer un dialecte fortement influencé par le catalan roussillonnais, imprégné d’expressions et de termes occitans….« los anciens a Cazères parlaven sempre patués con els paios » (tr. Les anciens à Cazères parlaient toujours le « patois » -langue occitane- avec les non gitans (témoignage recueilli par Eugeni Casanova* auprès des gitans de Cazères dans la Haute Garonne).

Dans les villes du Languedoc et de Gascogne, les Gitans catalans parlent éventuellement trois langues. On peut donc observer les liens étroits entre catalan et occitan dans la langue gitane catalane courante sous la forme d’emprunts lexicaux variés.

Le linguiste Jean-Paul Escudero a rassemblé des témoignages, effectué des enregistrements et publié quelques articles très documentés.

Dans un ouvrage paru aux éditions Pagès de Lleida en 2016, le journaliste
catalan Eugeni Casanova est allé à la rencontre des Gitans catalans de France. Il présente beaucoup de témoignages de la présence des Gitans catalans recueillis dans les villes du sud et détaille l’implantation qui a remonté la Vallée du Rhône jusqu’à Lyon et sa périphérie.

Les routes divergent à travers l’Auvergne jusqu'à Paris, Porte de Vanves et dans les 14ème et 18ème arrondissement. On retrouve également l’essentiel des grandes familles gitanes catalanes représentées dans le Nord Pas de Calais.
Pour toutes ces familles la musique a toujours été là. Elle est présente pour tous les moments de la vie et nous allons découvrir tout au long de cet ouvrage quelques familles gitanes catalanes touchées par la grâce de la musique.

Nous avons fait le choix de présenter « les musiciens gitans de la rumba » dans ces trois langues qui sont leur quotidien : Le français, le catalan qui est la langue principale mais aussi l’occitan.

LIVRES
Patrimonis gitanos partage des textes édités ou inédits. Notre projet se distingue par la collaboration d'auteurs reconnus en tant qu'historiens, linguistes, musicologues, etc.
Le grand fichier des Gitans d'Espagne /
El Gran Fichero de los gitanos de España
Ce livre, rédigé dans un premier temps en français puis traduit en espagnol, est la dernière contribution d'un grand historien, Bernard Leblon. Il rassemble les noms, prénoms, généalogies, métiers, origines géographiques, migrations, condamnations, etc. de milliers de Gitans de toute l'Espagne du XVème au XVIIIème siècle.
Les gitans catalans et leur langue
Ce livre du linguiste Jean-Paul Escudero décrit méticuleusement la langue des Gitans de
Perpignan.
DOCUMENTS AUDIOVISUELS
Patrimoines gitans réunit interviews, enquêtes de terrain, documentaires, films, concerts, ateliers, rencontres, conférences, expositions et collections photographiques.
Petites Mains d’Argent - Hommage à Manitas de Plata
A VENIR
GUITARRA DEL ARTE - PERPIGNAN 01 jusqu'au 31 juillet - HOTEL PAMS

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